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Laurent Fontenoy Architecte 115 Dries 1170 Bruxelles tel : +32 (0)2 672 91 43 GSM +32 (0)485 36 89 39 email: atelier@fontenoy.eu
Isolation – révolution.
La construction, l'architecture et en particulier le logement sont des activités humaines dont l'évolution est très lente.
Somme toute il nous est tout à fait loisible d’habiter une maison de plusieurs siècles munie de quelques aménagements techniques et de confort. Hormis ces aménagements qui nous la rendent plus pratique, elle est identique à elle même.
Du reste ces aménagements qui nous paraissent nécessaires aujourd'hui se sont imposés à nous récemment et découlent plutôt de l'évolution technique et sociologique de nos sociétés que de l'évolution proprement dite de la fonction d'habiter. Plus question en effet d'aller puiser l'eau à la fontaine, de porter le linge à la rivière, et de brûler la nuit quelques chandelles. L'équipement de la maison s'en charge.
Hormis ces adaptations qui sont plutôt des aménagements, les véritables révolutions sont rares. Il y eut bien quelques tentatives de modifier à la racine le concept de l'habitat, que l'on songe à Le Corbusier et sa villa Savoye ou son concept de « machine à habiter », ses unités d'habitations à Marseille, ou encore à la villa sur la cascade de Frank Lloyd Wright et ses maisons dans la prairie, mais finalement l'homme habite toujours une cavité pourvue d'ouvertures, propre à accueillir ses activités domestiques. Ces cavités plus ou moins adaptées à leur environnement tendent à lui faciliter sa subsistance en le protégeant des agressions extérieures.
Dans ce paysage plutôt fort conservateur, fût ce au sein d'une grande recherche de créativité, il est apparu cependant ces dernières décennies une véritable révolution. Tout d'un coup cette cavité, habitation des hommes, s'est émancipée d'une bonne part de l'énergie qu'elle requerrait pour son usage. Elle est devenue autonome de son chauffage et de son rafraîchissement artificiels, de tout temps compléments nécessaires. Elle a réussi à trouver l'équilibre lui permettant de se climatiser pour ainsi dire toute seule. Cela nous le devons à l'isolation, à l'isolation très conséquente et très maîtrisée.
Lorsque l'on songe aux décennies de recherches et les parcours effectués dans toutes les directions (Maisons solaires, bio-climatisme, pompes à chaleurs et techniques novatrices diverses…) depuis au moins la première crise pétrolière, pour parvenir à ce résultat surprenant apportant une réponse sinon définitive du moins radicale et efficace à la lutte millénaire de l'homme contre les agressions du climat, on peut bien parler de révolution.
Révolution il faut d'autre part le reconnaître assez peu excitante dans sa forme, peu séduisante autrement qu'intellectuellement. L'isolation ne se voit pas, ne propose rien de véritablement nouveau, elle est plate, banale, quelconque, infiniment en retrait comparativement à la multitude des machines et gadgets séduisants qui se pressent à la porte de nos habitations. Elle paraîtrait même plutôt comme une contrainte supplémentaire, perte d'espace, complexité de mise en œuvre, appesantissement du geste libre de création architecturale, notamment par l'épaisseur du trait qu'elle impose, déconnexion avec l'environnement dont elle isole l'habitat par d'épais matelas et une obsession de la fuite d'air.
Et pourtant, par l'isolation, la construction de nos habitats a franchi un pas tel que l'on peut bien le considérer une véritable rupture dans l'ordre du monde de la construction.
Que l'on songe que jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale, les logements étaient souvent très mal chauffés, très inconfortables l'hiver. Pendant des millénaires il en fût ainsi, les familles condamnées à s'agglutiner au plus près du foyer de la cheminée afin de ne pas mourir de froid, inconvénient qui se révélait d'ailleurs couramment fatal.
L'énergie bon marché, pour nous habitants des pays riches, depuis tout au plus deux ou trois générations, nous ont fait oublier cette réalité des cruels hivers. Nos habitations pâtissaient de ce rédhibitoire défaut. A peu près inhabitables correctement l'hiver, à moins d’appartenir aux catégories sociales les plus privilégiées, elles ne répondaient que fort médiocrement à leur fonction de protection une part significative de l'année.
Cette éternelle réalité est désormais du passé. Les habitations aujourd'hui n'auront pour ainsi dire plus jamais besoin d'un chauffage conventionnel pour répondre à leur fonction de protection contre les rigueurs du froid (ou les excès de chaleur de l'été), même au coeur de l'hiver. Et cela, c'est l'isolation pour commencer qui l'offre. Isolation égale donc bien révolution.
Qu'on se le dise et qu'on se le répète parce que même si la notion fait petit à petit son chemin, cela n'apparaît pas encore tout à fait comme une évidence pour le simple citoyen.
L'isolation en pratique.
En pratique, l'isolation d'un bâtiment existant peut s'envisager tant par l'extérieur que par l'intérieur, partiellement, par étapes, ou totalement. Tant les matériaux à envisager que les solutions retenues dépendent d'un contexte spécifique qui doit être analysé avant toute intervention, le grand danger d'une isolation mal pensée étant l'apparition d'humidité et des moisissures qui l'accompagnent. Une isolation ne peut se concevoir qu'en prenant en considération les caractéristiques des matériaux existants et en particulier leur inertie, leur capilarité, leur perspiration, ainsi que la ventilation des locaux, et plus globalement les faiblesses constructives de la situation existante (remontées capillaires, pont thermiques, défaut étanchéité, matériaux et finitions non perspirants etc.)
Par contre et à contrario, des travaux d'isolation bien pensés peuvent participer à la résolution de problèmes d'humidité existants ou remédier à une inertie trop forte ou insuffisante.
Comme point de repère pour envisager une isolation performante aujourd'hui et pour l'avenir il suffit de retenir que pour un isolant conventionnel de type laine de naturelle ou artificielle, une maison passive ou très basse énergie nécessite, pour faire simple, outre des triples vitrages, une épaisseur de 40 cm d'isolant en toiture, 30cm dans les murs, et 20cm dans le sol. C'est schématique et cela demande adaptations et précisions au cas par cas, mais disons qu'à ce niveau d'épaisseur d'isolation un bâtiment nécessitera des dépenses d'énergie pour le chauffer extrêmement faibles, et l'investissement consenti conservera sa valeur dans le temps parce que le bâtiment restera un bâtiment très performant quelque soit ensuite l'évolution des réglementations sur le bâti. En outre il ne nécessitera plus un système de chauffage conventionnel, mais un léger appoint, d'où aussi des économies à la clef. Tout ceci est vrai si du moins l'isolation est mise en oeuvre correctement.
Concernant les bâtiments nouveaux, pas de questions, il faut choisir le niveau de performance maximal en équilibre avec le minimum de contraintes technologiques. Le choix du très basse énergie, du passif, ou de « l'énergie positive» dépendra de la situation du projet, de la sensibilité du commanditaire et des moyens disponibles, le résultat final pour chacun de ces trois cas étant assez comparable et dépendant tout autant, sinon plus, de la manière d'habiter que de la performance intrinsèque d'un projet correctement mis en œuvre.
Compte tenu que l'efficacité de l'isolation n'est pas proportionnelle à son épaisseur, mais que ce sont, comme l'on dit couramment, les premiers centimètres qui sont les plus efficaces, on peut considérer si l'on y est contraint comme un minimum acceptable de s'en tenir à la moitié des épaisseurs précitées, mais dans la mesure du possible il est judicieux de tendre vers l'optimum, d'autant que le coût de l'isolation n'est pas proportionnel à son épaisseur. Le coût des matériaux et de la main d'oeuvre n'évolue pas proportionnellement à l'épaisseur, mais tend largement à diminuer.
En outre, les législations, partout dans nos pays imposent des épaisseurs d'isolation toujours plus conséquentes. En choisissant d'isoler de manière optimale, vous ne risquerez pas de voir votre investissement compter pour peu de chose lorsque les normes d’isolation auront évoluées.
Si vous tenez à vous lancer dans des travaux d'isolation conséquents, vous devrez inévitablement vous pencher sur les questions de l'étanchéité à l'air de l'enveloppe, sur la migration de l’humidité au sein des parois et l'apparition de la condensation au point de rosée et, afin d'éviter bien des déboires, sur la ventilation des locaux. Plus l'isolation est poussée, plus ces facteurs doivent être étudiés de façon concomitante avec l'isolation.
Les matériaux à privilégier.
D'abord ceux qui nécessitent le moins de transformations et qui sont disponibles localement. Leur énergie grise est minimale. Parallèlement à leur caractéritiques d'isolation il faut privilégier ceux d'entre eux qui sont capables de réguler naturellement le taux d'humidité intérieur, de s'opposer autant à la migration de chaleur en été que de vous protéger du froid en hiver, d'apporter une correction à l'excès ou au manque d'inertie de la construction, d'assécher les situations existantes tendant à être humides, de ne pas ajouter à la polution intérieur mais au contraire capables de l'assainir etc.. Dans la majorité des cas, seuls les matériaux naturels sont capables de combiner ces différentes caractéristiques
- La botte de paille. Difficile à égaler en terme d'énergie grise d'autant plus si elle est de provenance locale. Par contre, elle impose des contraintes assez conséquentes et qui lui son propre (structures de maintients, enduisage de protection etc.). Ces contraintes sont en passe d'être contournées en construction neuve ou extensions par certaines entreprises qui proposent dés aujourd'hui la préfabrication du projet en atelier.
- Les fibres de cellulose et de bois en vrac. C'est souvent la solution la plus économique pour une isolation en forte épaisseur. L'épaisseur joue peu dans le prix final. C'est la structure de maintient de l'isolant qui est coûteuse et donc le prix ne varie que fort peu en fonction de l'épaisseur.
- Les matelas de cellulose, de bois, de chanvre, de lin etc. C'est la solution souvent la plus économique pour les épaisseurs d'isolant intermédiaires ou pour les épaisseurs importantes lorsque la fabrication de caissons n'est pas envisageable ou trop coûteuse.
- Les panneaux rigides de fibres de bois, de liège etc.. Ils sont plus chers mais leur rigidité peut être un atout dans certaines situations. Ils peuvent être collés ou fixé mécaniquement aux parois sans se déformer. Certains peuvent être enduits, et d'autres encore conviennent pour l'extérieur.
- Le verre et le silico-calcaire expansés, en vrac ou en éléments constructifs. Il résulte de l'expansion du matériaux de base par injection de micro-bulles d'air ou de gaz au moment de leur fabrication une véritable pierre ponce artificielle aux caractéristiques très intéressantes. Imputrescibles, inertes, non capillaires mais perspirants pour certains et pourvus d'un bon coefficient d'isolation ils conviennent fort bien pour les usages extérieurs, l'isolation des fondations et des maçonneries contre terre. Leur énergie grise est importante mais leurs constituants ne posent pas de problèmes environnementaux. Ils sont par nature extrêmement durables dans le temps, de l'ordre de la durée de vie du bâtiment, et même plus.
- Les matériaux de synthèse. Ils peuvent se révéler intéressants parce que certains d'entres eux permettent de réduire de moitié les épaisseurs d'isolant pour une résistance thermique équivalente. Ils sont souvent incontournables pour les usages en milieu humide, les isolations contre terre etc. Leur fabrication pose des problèmes environnementaux tant par l’énergie grise nécessaire que par certains de leurs constituants. Légers, non capillaires et souvent non perspirants de manière significative leur usage ne peut être que très spécifique et peut engendrer des problème de concentration d'humidité lorsqu'ils sont utilisés seuls et sans les techniques qui pallient à leur défauts (tout particulièrement une bonne ventilation des locaux). Certains peuvent se révéler extrêmement dangereux en cas d'incendie. Un usage parcimonieux de ce type de matériaux est donc préconisé.
Ce que propose l'atelier
On peut dire que la révolution de l'isolation qui anime nos sociétés dans leur recherche du moindre impact environnemental a toujours été une donnée fondamentales de nos interventions, tant en construction neuve qu'en rénovation. En vingt asn c'est devenu une véritable spécificité de notre travail. Si nos interventions puisent dans leurs grande majorité dans le fonds sans cesse plus diversifié des matériaux naturels, ce n'est pas non plus une exigence absolue: dans certains cas les matériaux de synthèse industriels sont plus favorables.
Parallèlement donc à des travaux d'isolation qui accompagnent naturellement et avec exigence nos projets d'architecture, nous réalisons également spécifiquement des chantier d'isolation seule: isolation de façades, de murs enterrés, de pignons, de toitures, tant par l'intérieur que par l'extérieur, modification de châssis anciens (pose de double ou triple vitrage dans des châssis de qualité même séculaires), pose de fenêtres neuves, remplacements de lanterneaux vitrés etc.
Régulièrement ce sont des problèmes de chauffage ou d'humidité qui nous amènent à intervenir. En isolant nous réglons le problème de l'inconfort thermique et les problèmes d'humidité sans avoir besoin d'augmenter les puissances de chauffe ou de réaliser des injections de résines dans les murs. Ce sont des travaux qui ne se contentent pas de coûter, ils se remboursent avec le temps. Outre le confort supplémentaire, les diminutions de frais de chauffage suite à l'isolation peuvent se révéler très considérables.